Nova et Vetera, vol. 92, 2 / 2017

Nova et Vetera, n. 92, 2 /2017

 

Éditorial : Saint Nicolas de Flue

+Charles Morerod, OP

L’auteur rend hommage à saint Nicolas de Flue (1417-1487), dont on célèbre cette année les 600 ans de la naissance, en rappelant quelques traits saillants de la sainteté particulièrement originale du patron de la Suisse.

 

À ANNE PERRIER

Où le chant passerait comme l’eau entre les doigts
Ich habe genug – J’ai tout
Textes choisis par Michel Cagin, OSB

Une parole précise et rare
Sylvain Guéna

Nova et Vetera rend hommage à Anne Perrier, décédée en janvier 2017, pour qui Charles Journet fut longtemps le premier lecteur et le premier éditeur dans sa revue. L’hommage prend la forme d’un choix de poèmes librement rassemblés autour de ces mots du poète : « Je rêve... à une sorte de possession aux mains ouvertes où le chant passerait comme l’eau entre les doigts. »
La voix d’Anne Perrier est de celles qui en éveillent d’autres. Quelques échos de voix amies viennent ici se joindre à elle.

 

La dignité d’être substance : personne, subsistence et nature

Gilles Emery, OP

La “personne”, écrit Thomas d’Aquin, est “ce qu’il y a de plus digne”, “ce qu’il y a de plus parfait”. Cette souveraine dignité de la personne tient à son mode d’exister (la subsistence, qui est le mode d’exister de la substance) et à la nature intellectuelle. Il convient de distinguer, premièrement, la notion analogue de “personne” qui s’applique aux personnes divines, aux anges et aux hommes (substance individuelle de nature intellectuelle) ; et, deuxièmement, la notion propre et spéciale qui convient distinctement aux personnes divines, aux anges et aux hommes, selon leur constitution, en vertu de leur principe d’individuation. L’action libre, la conscience et les relations sont fondées dans la nature intellectuelle et la subsistence. La notion analogue de “personne” s’avère irremplaçable pour offrir une vue cohérente de la personne en théologie trinitaire, en christologie, en angélologie et en anthropologie.

 

La relation entre l’eucharistie et le mariage, et ses implications pour l’interprétation d’Amoris Laetitia

José Granados

Le magistère récent a enseigné qu’il existe un lien étroit entre le sacrement du mariage et l’eucharistie. De là découlent, entre autres, des conséquences pour la pratique pastorale de l’Église et pour sa discipline sacramentelle, des conséquences qui sont à la base du débat qui s’est développé autour de l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. Afin d’éclairer cette question, le présent article se propose d’étudier la nature du lien entre ces deux sacrements. Son point de départ est l’eucharistie, le sacrement fondamental de la présence réelle du corps du Christ. Participer à ce corps signifie accueillir en sa propre vie le mode même par lequel Jésus s’est rendu présent dans le monde et parmi les hommes. À partir de cela on peut comprendre la relation de l’eucharistie avec le mariage, puisque le mariage implique ce mode de vivre dans le corps qui structure toutes les relations humaines, un mode qui fut assumé par Jésus par son entrée dans le monde et qu’il a transformé tout au long de sa vie afin d’exprimer la plénitude de son amour pour l’Église. À cette lumière, on comprendra que la cohérence entre le mariage et l’eucharistie est essentielle pour la confession de foi en l’Incarnation, pour sa capacité d’évangéliser la société et de soigner les blessures de ceux qui vivent un amour mis en échec.

 

Le mode d’union du Verbe incarné selon saint Thomas d’Aquin. De l’Écrit sur les Sentences à la question disputée De l’union du Verbe incarné : continuité et évolution

Marie de l’Assomption, OP

En prenant comme guide la question 2 de la Tertia pars de la Somme de théologie, on montre comment Thomas d’Aquin y expose le mode d’union du Verbe incarné, par comparaison avec les œuvres précédentes ou postérieures. Sans prétendre résoudre le mystère, sa réflexion théologique s’efforce de le scruter autant qu’il est possible à l’intelligence humaine, et permet ainsi un approfondissement de la réflexion philosophique sur la distinction et les rapports de la personne et de la nature, ainsi que ce qui relève de chacune d’elles, être, volonté, opération. S’il y a un progrès dans sa pensée, il se fait non par rupture mais par une précision conceptuelle croissante, qui va de paire avec une connaissance de plus en plus grande des données conciliaires et patristiques, au service d’une contemplation accrue : « À celui qui considère les choses avec piété les raisons de ce mystère apparaissent de plus en plus admirables. » (Contra Gent., lib. IV, cap. 54).

 

Ce que la pornographie nous cache

Fabrice Hadjadj

Devant la place préoccupante prise par la pornographie dans notre société, Nova et Vetera a estimé qu’il était nécessaire, voire urgent, d’oser affronter cette réalité. Face à la pornographie, on rencontre le plus souvent deux postures fondamentales : la posture curieuse et la posture morale. Il est plus rare qu’on s’interroge sur ce qu’est la pornographie. C’est l’approche tentée ici par l’essai de Fabrice Hadjadj. L’auteur commence par dire ce que la pornographie (mieux nommée « le X ») n’est pas, avant d’essayer de dire ce qu’elle cache. Car en définitive, le X semble bien être un « détournement » et « le symptôme d’un mal plus profond ».

 


 

Notes et Lectures

Bibliographie

Yves Floucat, Pour une métaphysique de l’être en son analogie. Heidegger et Thomas d’Aquin – Thomas d'Aquin, Penser le politique.