Nova et Vetera, vol. 93, 2 / 2018

Noval et Vetera, n. 93, 2 / 2018

Éditorial : Culture de la vie et de la personne

+Charles Morerod, OP

Le cas du décès dramatique du petit Alfie Evans en Angleterre, le 28 avril 2018, impose une fois de plus de réfléchir à la conception de la personne, de la société, des rapports entre la personne individuelle et la communauté politique qui sont réellement au service de la dignité et de la vie humaines.

À quoi bon les anges ?

Serge-Thomas Bonino, OP

L’ange, « inutile et incertain » ? Le désenchantement du monde, relayé en contexte chrétien par la démythisation de la Bible, semble condamner l’ange à errer dans les marges irrationnelles de notre culture. Pourtant la mise en œuvre d’une approche proprement métaphysique et croyante du réel lui restitue la place qui lui revient. Quant à l’inutilité présumée des anges, elle est le symptôme de l’inquiétante réduction actuelle du christianisme à une praxis horizontale déconnectée de la doctrine de la foi et oublieuse de sa finalité contemplative.

Quelle paternité du prêtre diocésain ?
Réflexion à partir des textes du magistère récent

Benoît-Dominique de La Soujeole, OP

Il est courant de présenter le sacerdoce ministériel en terme de paternité car il donne la vie de la grâce par les sacrements qu’il célèbre. Cela n’est pas faux, mais doit être harmonisé avec une autre vérité : ceux qui vivent de la grâce sont dans une relation fondamentalement fraternelle. Si l’on suit exclusivement l’idée de paternité, on oublie la relation fraternelle. Si l’on met l’accent sur la qualité de frère, on n’exprime pas la transmission de la vie. Il faut donc accorder ces deux perspectives.

 

Deux interprètes de l’acte d’être :
Étienne Gilson et Marie-Dominique Philippe

Fr. Didier Viney

Cet article met en perspective les itinéraires respectifs d’Étienne Gilson et de Marie-Dominique Philippe (o.p.) dans leur découverte de l’acte d’être. En analysant les fondements aristotéliciens et thomistes de leurs approches métaphysiques, leurs similitudes et leurs divergences, l’auteur ouvre quelques pistes de recherche : les deux philosophes ont-ils touché le même « arché » ? Ont-ils atteint la même profondeur de l’être en tant qu’être ?

Sur l’essence de l’islam

Adrien Candiard, OP

L’islam a-t-il une nature, une essence ? Peut-on seulement parler de l’islam en général, et ne devrait-on pas plutôt parler des islams ? Existe-t-il un islam qui permette d’évaluer et de hiérarchiser l’islamité de pratiques si différentes ? Et accessoirement, parce que le contexte de la question est celui que nous connaissons, cette essence de l’islam doit-elle nous inquiéter ?
C’est à ces questions de fond que l’islamologue Adrien Candiard cherche de répondre à travers une réflexion théologique et métaphysique sur l’islam.

Le corps en morceaux.
Aux sources du transhumanisme et du djihadisme

Michel Ferrandi

Le corps explose ! D’un côté, la barbarie djihadiste le met en scène, de l’autre, le transhumanisme entend augmenter le corps par des machines jusqu’à pouvoir se passer de lui à travers le cyborg. Ces deux idéologies de la transcendance prennent leur source dans les conceptions philosophico–théologiques d’Al-Achari d’un côté et de Descartes de l’autre. On trouve en effet chez ces deux auteurs une théorie du corps humain éclaté appuyée à une théorie volontariste de Dieu. La conception thomiste du corps s’y oppose à travers l’affirmation de l’unité substantielle du corps appuyée à la théologie d’un Dieu créateur libre et sage.

Travail humain et réalisation de soi,
une approche thomiste

Christine Gautier, OP

La réflexion catholique sur le travail s’enracine dans la Révélation biblique qui présente le travail comme une activité essentielle de toute vie humaine. Comme tel, le travail entretient donc un rapport étroit avec l’accomplissement de l’homme, ou réalisation de soi envisagée selon les catégories personnalistes de vocation, incarnation et communauté. Après un bref exposé sur la théologie du travail de Thomas d’Aquin, l’auteure explore le rôle de certaines vertus exercées au travail et contribuant, outre le perfectionnement de son œuvre, à la réalisation de soi du travailleur.

La joie profonde et l’intelligence de la foi

Yvan Mudry

Tous, nous avons probablement été admis, comme par miracle, dans l’antichambre du ciel. C’était alors comme si nous avions des ailes ; un mystérieux « feu » (Lc 12, 49) brûlait dans notre cœur et nous ne nous sentions plus seuls. Pour autant, les plus beaux moments de notre vie ont-ils droit de cité dans notre réflexion ? Nous aident-ils à mieux appréhender ce en quoi nous croyons, alors même que l’entrée dans le temps messianique et l’arrivée du Royaume sont au cœur du christianisme ? Bref, nous confortent-ils dans notre foi ?



Notes et Lectures

Bibliographie

Florian Michel, Étienne Gilson. Une biographie intellectuelle et politique ‑ Roland Meynet, Le Psautier, Cinquième livre (Ps 107-150) ‑ Michel Fattal, Conversions et spiritualités dans l’Antiquité et au Moyen Âge ‑ André Vauchez, Armelle le Huërou, Sainte Élisabeth de Hongrie (1207-1231) ‑ Thierry Murcia, Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne ‑ Laurence Devillars, Laurence Plazenet (éds.), Le Christ à Port-Royal ‑ Jean-Loïc Le Quellec, Bernard Sergent, Dictionnaire critique de mythologie.