Nova et Vetera, vol. 97,3 / 2022

Nova et Vetera, n. 97, 3 / 2022

 

La Trinité divinisatrice. Le salut comme divinisation trinitaire chez Thomas d’Aquin et Charles Journet

Gilles Emery, OP

La dimension trinitaire est essentielle à la compréhension du salut comme “divinisation” ou “déification”. Dans une première partie, cette étude présente la doctrine trinitaire de la divinisation chez saint Thomas d’Aquin : l’accomplissement eschatologique de la divinisation, l’Esprit Saint comme Don, les missions trinitaires, l’image de la Trinité et la participation à la communion trinitaire. La seconde partie est consacrée à Charles Journet, qui a prêté une remarquable attention aux aspects trinitaires de la divinisation. Journet reprend la pensée de saint Thomas de manière plus étendue et avec des accents propres. L’exposé se concentre sur les aspects nouveaux développés par Journet, témoignant d’une pensée très riche et profonde sur le salut comme divinisation trinitaire.

 

Le Logos et le Pantocrator. Autour de la toute-puissance de Dieu

Serge-Thomas Bonino, OP

La toute-puissance est aujourd’hui un des attributs divins les plus contestés. La théologie de saint Thomas offre quelques ressources pour surmonter cette crise. Sa doctrine des noms divins invite à dépasser l’imaginaire culturel négatif qui marque la puissance, en direction d’un concept métaphysique de la puissance qui transcende les approches limitées de la puissance dans les seules catégories de la physique ou bien de l’intersubjective humaine. En Dieu, la puissance apparaît alors inséparable de la sagesse et de l’amour. Au rebours de toute tentative de soumettre Dieu à un ordre rationnel qui l’engloberait comme, en sens inverse, de déstabiliser la rationalité de l’ordre créé par le recours à la puissance absolue de Dieu, Thomas élabore un modèle qui assure la liberté de Dieu sans compromettre par son arbitraire la rationalité de la nature. Ce modèle est opératoire dans la question du rapport de Dieu aux normes éthiques.

 

Le mystère de l’homme à la lumière de la pensée de saint Thomas d’Aquin

Michel Mahé

En affirmant que “le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné” le Magistère incite à approfondir l’approche intellectuelle du mystère de l’homme. On reconnaît aisément que le mystère d’un être signifie son incompréhensibilité à toute intelligence créée. Celle-ci peut progresser dans la connaissance, le mystère demeure, irréductible. Mais indépendamment de ce rapport à la connaissance, le mystère de l’homme dépend avant tout de la présence intérieure de Dieu, le mystère par excellence. Elle explique, en partie, cette irréductibilité. Un approfondissement de la connaissance du mystère par excellence qu’est Dieu permettrait alors d’envisager un enrichissement de la connaissance du mystère qu’est l'homme. Cette recherche de la signification du mystère de l’homme s’appuie sur l’enseignement de saint Thomas d’Aquin.

 

L’autorité, de crise en crise

Dom Marc de Pothuau, OCist

Parler de la crise de l’autorité actuellement, c’est d’abord reconnaître que nous sommes en pleine crise. Or traverser une crise suscite le besoin de s’appuyer sur une autorité. Il importe dès lors de souligner que celle-ci ne consiste pas à nous éviter la crise mais à nous accompagner au cœur du rendez-vous mystérieux avec notre Créateur et à devenir soi-même source d’une créativité nouvelle. Dans la crise nous découvrons notre propre autorité. Le mouvement synodal provoqué par le Pape François vise à répondre à cette crise majeure que traverse l’Église pour faire émerger la conscience messianique du peuple de Dieu. L’autorité abbatiale que saint Benoît décrit dans la Règle des moines est tout spécialement mis au service de ce processus dans le chapitre 3 sur l’appel des frères en conseil et a inspiré l’organisation de l’Ordre cistercien, premier ordre religieux de l’histoire.

 


 

NOTES ET LECTURES

Bibliographie

HANNS-GREGOR NISSING, Denker und Dichter: Thomas von Aquin. Eine Einführung in sein Leben und sein Werk – EMMANUELLE HÉNIN (anthologie réunie et présentée par), Écrire le corps de l’Antiquité à nos jours – CAHTERINE GRANDJEAN (dir.), La Grèce classique, d’Hérodote à Aristote (510-336 avant notre ère) – MICHEL CHRISTOL, PIERRE COSME, FRÉDÉRIC HURLET, JEAN-MICHEL RODAZ, Histoire romaine, Tome II : D’Auguste à Constantin – SYLVIE DENOIX et HÉLÈNE RENEL (dir.), Atlas des mondes musulmans médiévaux – JEAN DELISLE, Notions d’histoire de la traduction – BORIS BOVE et CLAUDE GAUVARD (dir.), Notre-Dame, une cathédrale dans la ville, des origines à nos jours – CATHERINE SALIOU, Le Proche-Orient de Pompée à Muhammad, Ier s. av J.-C. – VIIe s. apr. J.-C.