Nova et Vetera, vol. 88, 3 / 2013

Nova et Vetera, vol. 88, 3 / 2013

  

Les manifestations pascales du Christ Ressuscité dans les récits évangéliques

Gilles Emery, OP

Après sa résurrection, Jésus s’est manifesté “aux témoins que Dieu avait choisis d’avance” (Ac 10,40-41). Cet article présente les récits évangéliques du tombeau vide, l’annonce de la résurrection et surtout les manifestations du Christ Ressuscité durant le temps qui a précédé son Ascension. Le tombeau vide revêt une valeur de signe, liée à l’annonce pascale faite par les messagers célestes. Le Christ s’est manifesté aux apôtres : il les a constitués témoins de sa vie ressuscitée et il les a envoyés en mission pour planter l’Église par la prédication et les sacrements. Ses manifestations à d’autres témoins mettent en relief plusieurs aspects de la foi. Ces christophanies pascales sont une action dont Jésus lui-même eut l’initiative : il a fait qu’il fût vu. Les récits bibliques témoignent d’une auto-manifestation objective de Jésus Ressuscité qui est à l’origine de la foi des disciples en sa résurrection : les disciples ont cru en Jésus ressuscité par une foi dotée d’une constatation par les yeux. Jésus s’est manifesté aux siens avec son propre corps dans une nouvelle condition.

 

La théologie de Joseph Ratzinger – Benoît XVI

Mgr Charles Morerod, OP

Au-delà de leur statut particulier, l’enseignement théologique du pape émérite garde une continuité significative avec celui antérieur à l’élection du cardinal Ratzinger au siège apostolique de Rome. L’auteur le montre en analysant certains thèmes recourant dans l’œuvre théologique de Benoît XVI – Joseph Ratzinger : la foi comme adhésion existentielle et personnelle à l’amour de Dieu en Jésus Christ, l’Église conçue à la fois comme lieu incontournable de l’expérience de foi en ce monde et Jérusalem céleste, l’Eucharistie comme mystère central d’édification du Corps du Christ qu’est l’Église, la place centrale revêtue par la Tradition, la vérité comme condition de l’amour et de la liberté authentiques, les relations Église-État et le rôle du ministère pétrinien dans l’Église. 

 

Vocation théologale et exigences humaines

X Georges Card. Cottier, OP

On a longtemps pensé que les choses humaines devaient protéger les choses divines, que là était le principal. En un sens cela est vrai : la proposition de l’Évangile et l’expansion du Royaume de Dieu ont besoin de moyens humains. Mais en un autre sens cela n’est que second. L’article relève, en effet, que la conscience chrétienne perçoit de mieux en mieux une autre exigence plus importante encore : il appartient aux choses divines de protéger et vivifier les choses humaines, car pour sauver la civilisation elle-même, c’est sur la force de Dieu, force de l’amour et de la vérité, qu’il faut compter en priorité. Tel est le sens des dons surnaturels offerts par Dieu à l'homme que sont les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité.

 

Bergson, Gilson et le thomisme

François-Xavier Putallaz

La génération du début du XXsiècle français fut libérée du positivisme étouffant de cette époque grâce à l’œuvre influente d’Henri Bergson : en utilisant la méthode même de la science qui niait la métaphysique, Bergson redonna ses lettres de noblesse à la métaphysique. Étienne Gilson lui en a toujours voué une reconnaissance profonde. Pourtant, lorsque parurent Les deux Sources de la morale et de la religion en 1932, Gilson se refusa à lire le livre. Lorsqu’il reviendra quelques années plus tard sur cet événement, il expliquera dans une autobiographie intellectuelle pourquoi la méthode bergsonienne était vouée à l’échec et se trouvait dans l’impossibilité de l’éclairer sur la religion chrétienne. Si Bergson échoua sur ce point, sa revanche fut d’un autre ordre : il donna à plusieurs catholiques de décontaminer un certain thomisme et de retrouver dans la pensée authentique de Thomas d’Aquin les lumières qu’ils avaient sous les yeux, mais qu’on s’interdisait de voir.

 

Qu’est-ce que les Lumières ?

Michel Nodé-Langlois

Ce que les langues anglaise et allemande appellent respectivement, au singulier, Enlightenment et Aufklärung, est dénommé en français Lumières. Peut-être cette appellation au pluriel est-elle plus adéquate que les précédentes, en dépit de l’usage qui en est fait. On se réclame volontiers des Lumières comme si le sens de cette référence allait de soi, et suffisait à exprimer l’inscription dans une modernité considérée comme un acquis historique définitif. Les Lumières ont pourtant bel et bien constitué une pluralité, qui ne fut pas une simple diversité de pensées s’enrichissant mutuellement de leurs différences, mais un conflit entre des positions radicalement contradictoires, sur des points décisifs en politique comme en philosophie : la civilisation, la connaissance, la religion, la liberté. Tout en se réclamant d’elles, Emmanuel Kant fut lucidement conscient de ce que les Lumières furent une source de trouble plutôt que d’éclairement, en théorie autant qu’en pratique.

 

Chronique

De la Kippa à la Croix

X Georges Card. Cottier, OP

 


 

 

Notes et lectures

Bibliographie

Antonio Orbe, Introduction à la théologie des IIe et IIIe siècles ‑ Isidore de Seville, Etymologies, Livre VII, Dieu, les anges, les saints.