Nova et Vetera, vol. 90, 1 / 2015

Nova et Vetera, n. 90, 1 / 2015

 

Charlie Hebdo

Nova et Vetera

En revenant sur l’attentat contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, l’Éditorial s’interroge sur le sens de la liberté de conscience et de la liberté d’expression qui ont été menacées par les événements sanglants de Paris.
La notion de dignité de la personne humaine autour de laquelle se développe la réflexion, permet de distinguer et d’ordonner entre eux les éléments principaux d’une saine conception de la laïcité et de motiver ainsi le rejet de sa déviation idéologique en Occident tout comme celui de sa négation par l’islamisme extrémiste.

 

Religions et mission

Benoît XVI

Nova et Vetera reproduit en ses pages la version intégrale du message que le pape émérite Benoît XVI a envoyé à l’Université Pontificale Urbanienne à l’occasion de la cérémonie par laquelle, le 21 octobre 2014, l’Athénée lui a dédié son grand amphithéâtre restauré. En s’adressant à cette Université liée à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, Benoît XVI rappelle les raisons profondes qui expliquent la valeur toujours actuelle de l’envoi en mission de l’Église. Il entend, entre autres, répondre aux doutes s’élevant à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église catholique qui mettent en question l’idée de mission et, plus profondément, l’idée même de la vérité suprême de la révélation chrétienne.

 

La vision bienheureuse de Dieu et sa définition par Benoît XII

Gilles Emery, OP

C’est en 1336, dans la Constitution Benedictus Deus, que le pape Benoît XII a défini le dogme catholique concernant la vision bienheureuse de Dieu par les saints dans l’Église du ciel. Avec l’espérance de la résurrection, la vision de Dieu constitue le centre de l’eschatologie chrétienne. Cependant, la Constitution dogmatique de Benoît XII demeure souvent peu connue. L’article présente ce document magistériel dont il offre un commentaire suivi : les bénéficiaires de la vision, le moment auquel la vision est accordée aux bienheureux, l’objet et le mode de la vision, la vision et la béatitude, l’accomplissement de la foi et de l’espérance, ainsi que le caractère stable et permanent de la vision. Certains points sont explicités et développés à la lumière de la théologie de saint Thomas d’Aquin.

 

Synode sur la famille: la voie de l'ordo paenitentium

Thomas Michelet, OP

En vue de l’assemblée du Synode des évêques sur la famille, au sujet des divorcés remariés, l’article propose une troisième voie, entre changer la discipline au risque de modifier la doctrine en étant infidèle à la parole du Seigneur, et ne pas la changer au risque de priver de nombreux baptisés du secours des sacrements : celle du rétablissement et du renouveau de l’ordre des pénitents (ordo paenitentium) pour tous ceux qui persistant dans un péché grave (canon 915) ont besoin de temps et d’étapes pour se convertir au titre de la loi de gradualité. Cela permettrait d’accueillir et de soutenir leur démarche dans un cadre ecclésial, liturgique et sacramentel ; de favoriser leur conversion et de l’obtenir comme un fruit du sacrement ; d’ouvrir un espace de croissance dans la communion selon des étapes traditionnelles ; et de leur donner une place et une mission dans l’Église comme pèlerins de l’Alliance (ordo peregrinorum).

 

Anthropologie chrétienne et espérance à la lumière de Marie

Marie-Thérèse Huguet

Consciente que les sciences humaines, œuvres précieuses mais limitées de la raison humaine, ne peuvent fonder l’espérance sûre de cet amour parfait et pérenne auquel l’homme aspire, l’auteur puise dans la révélation juive et chrétienne l’enseignement fondamental sur l’homme et sa destinée. Elle montre ainsi que l’anthropologie biblique, élaborée à partir de l’idée que l’homme est créé “à l’image et ressemblance” de Dieu qui est Logos et Amour, est la seule à professer l’inviolabilité de la personne humaine ; la seule à nous délivrer de la “crainte de la mort” (He 2,15) qui habite les païens ; la seule à éclairer notre route dans l’espérance véritable, “joyeuse” (Rm 12,12), inimaginable, qui est celle de participer éternellement à la vie de Dieu ; et la seule à nous donner de contempler, dans le clair-obscur de la foi, Marie dans la gloire, la personne humaine en sa perfection, image et ressemblance suréminente de la Personne divine du Verbe incarné. L’auteur montre tout particulièrement que Marie, notre Mère, la Theotokos, est le modèle et l’aide créée la plus puissante pour vivre dans l’espérance, elle qui, comme nous, dut grandir dans la foi, l’espérance et la charité et qui, mieux que personne, a compris et vécu que la Croix du Christ, signe insurpassable de la Miséricorde divine, est notre seule espérance.

 

Les enjeux du diagnostic préimplantatoire

François-Xavier Putallaz

Le peuple suisse devra se prononcer en juin sur un changement de sa Constitution, visant à autoriser le Diagnostic préimplantatoire. Il s’agit d’une technique par laquelle les embryons provenant d’une fécondation in vitro sont analysés, dans le but d’y déceler des prédispositions génétiques. On les trie et on les sélectionne avant de transférer dans l’utérus maternel celui qui ne serait pas porteur d’une maladie génétique grave.
Les enjeux de cette technique sont considérables, puisqu’on s’octroie le droit de décider qui mérite de vivre, et qui ne le mérite pas. Finalement on ne guérit personne, mais on supprime le porteur d’une prédisposition à développer une grave maladie à l’âge adulte.
Les enjeux éthiques, politiques et anthropologiques sont ici mis en lumière : on invite à penser plutôt que se résigner aux faits accomplis.
N’est-il pas plus humain, au lieu de se focaliser sur le handicap, de considérer et accueillir la personne en situation de handicap ?

 


 

Notes et Lectures 

La métaphysique, source d'émerveillement

François-Xavier Putallaz

La réédition du beau livre du Père Emonet donne envie de le déguster, comme une lecture spirituelle. Quarante petits chapitres façonnent un itinéraire qui invite à la fois à l’analyse philosophique et à la contemplation esthétique, grâce aux poètes, de Rilke à Claudel et Ramuz. L’auteur y découvre, émerveillé, le mystère de l’existence qui tient le choses au-dessus de l’abîme, et conduit jusqu’à la Source cachée qui en est l’auteur.

 

Bibliographie

Dominique Gonnet, Michel Stavrou (éds.), Les Pères de l’Église aux sources de l’Europe ‑ La Bible d’Alexandrie, Vision que vit Isaïe